Page:Landry, Principes de morale rationnelle, 1906.djvu/155

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plaisirs « du corps », au contraire, ne se laissent imaginer que très difficilement, il faut, pour qu’on se les représente tels qu’ils sont, que les conditions physiques auxquelles ils sont liés soient réalisées complètement.

Est-il besoin, maintenant, de parler de tous ces états affectifs secondaires qui précèdent et qui suivent les états affectifs que l’on voudra considérer ? Un plaisir futur que l’on attend, que l’on espère, nous procure dans le présent, selon sa nature, selon notre caractère, du plaisir ou de la peine, et il nous donnera encore, après que nous l’aurons goûté, du plaisir ou de la peine, voire les deux à la fois. Parlerai-je, également, de la difficulté que nous avons à prévoir les conséquences de nos actions, et de la multiplicité infinie de ces conséquences, de celles-là mêmes qui nous intéressent ? Ce sont toutes choses que l’on connaît assez et sur lesquelles on peut négliger de s’appesantir. Elles condamnent, comme les précédentes, le calcul hédonistique à demeurer grossier ; elles ne sont pas contradictoires avec le principe de ce calcul.


Il me reste, pour terminer ce chapitre, à fournir quelques explications complémentaires sur la manière dont doit être pratiquée l’arithmétique des plaisirs. Cela me permettra de dissiper certaines préventions qui existent contre l’hédonisme, d’écarter certaines objections qu’on adresse à cette doctrine.

Tout d’abord, quand on propose la recherche du plaisir comme principe directeur de la conduite, il faut entendre que le mot plaisir est pris dans son sens le plus général. On distingue parfois le plaisir de la