Aller au contenu

Page:Landry, Principes de morale rationnelle, 1906.djvu/162

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

il faut s’ingénier, il faut chercher, et il faut, tout d’abord, s’efforcer d’acquérir des aptitudes nouvelles.


La considération des virtualités apporte une complication dans le calcul hédonistique. Une autre complication naît du besoin que nous avons de nous mettre en état de suivre les indications de ce calcul. À quoi servira-t-il de savoir le chemin du bonheur, si notre raison est impuissante à se faire obéir, si des impulsions interviennent sans cesse pour nous détourner de ce que nous reconnaissons comme le meilleur ? Nous avons besoin de développer en nous la maîtrise de nous-mêmes : Socrate l’enseignait — lui, le fondateur de l’utilitarisme en même temps que de la morale philosophique — quand il présentait à ses disciples l’αὐτάρχεια comme la première condition du bonheur. Or pour s’assurer la domination de soi-même il y a deux méthodes : l’une, la méthode directe, consistera à pratiquer la réflexion, à prendre nettement conscience des exigences de la raison et des caractères qu’ont ces exigences ; la méthode indirecte, elle, consistera à s’abstenir de tous ces actes qui tendent à nous faire les esclaves de nos passions, de nos penchants. Un exemple montrera l’importance de la deuxième méthode, et les conséquences qui en peuvent résulter par rapport au calcul hédonistique. Les plaisirs sexuels sont parmi les plus vifs, et par là ils mériteraient d’être recherchés par l’hédoniste ; mais l’abus de ces plaisirs, sans parler de la passion tyrannique qu’il risque de développer en nous, diminue la résistance que d’une manière générale notre raison est en état d’opposer à nos diverses impulsions. Bien entendu, ici comme tantôt il faut s’attacher aux espèces : tels