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Page:Landry, Principes de morale rationnelle, 1906.djvu/164

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Sachons bien comprendre ce que l’hédonisme nous engage à vouloir ; adhérant à cette doctrine, débarrassons-nous des préjugés contraires qui peuvent subsister en nous ; alors sans doute la poursuite du bonheur ne nous empêchera pas de devenir heureux. Pareille chose arrive à l’égoïste, à celui chez qui le désir de la jouissance, le souci de l’intérêt individuel en général est une passion : c’est, vraisemblablement, parce que la passion, engendrant le trouble et l’inquiétude, est incompatible avec le bonheur. Mais l’hédoniste n’est point pareil à cet égoïste dont je viens de parler : s’il cherche son bien, ce n’est pas parce qu’il y est poussé par une force psychique irréfléchie, c’est parce que sa raison l’a convaincu qu’il ne pouvait mieux faire. Au contraire de l’égoïste, il est parfaitement maître de lui-même ; par là il est disposé à garder en toute circonstance sa sérénité, comme à trouver toujours suffisants les résultats — qui seront les meilleurs possibles — où il sera parvenu.

Que si, après ces observations, il subsistait encore quelque chose de l’objection qui nous occupe, si telle ou telle sorte de bonheur ne pouvait être acquise qu’à la condition de ne pas être recherchée, alors il serait facile à l’hédoniste, pénétré de la vérité de sa doctrine, de déterminer une fois pour toute la conduite que cette doctrine lui prescrit de suivre sur le point en question, pour suivre ensuite cette conduite en oubliant le principe sur lequel elle se fonde.

En définitive, aucune des objections que l’on a élevées contre l’arithmétique des plaisirs, aucune des difficultés qu’on y a trouvées ou que j’y ai vues moi