Page:Landry, Principes de morale rationnelle, 1906.djvu/189

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l’autre ? ceci milite en faveur de la répartition égalitaire en ce sens que la croyance commune, nous inclinant tous à adopter cette répartition, tend à réaliser un accord où il convient d’arriver. Mais ne pas regarder, pour le reste, l’indication du sens commun comme une illusion, comme une croyance dépourvue de toute signification, c’est, quand d’autre part on n’admet pas une commune mesure pour les plaisirs des différents individus, tomber dans une grave contradiction. Ayant posé l’impossibilité de comparer les plaisirs de l’un avec les plaisirs de l’autre, j’aurais dû conclure que la question de la répartition la meilleure s’évanouissait en tant que question scientifique, qu’il ne pouvait plus s’agir que de chercher quelle répartition serait le plus facilement acceptée de tous — l’ordre et la paix sociale étant intéressés dans cette recherche —.

Au vrai, le sens commun est fondé dans sa croyance. La question de la meilleure répartition a un sens, cette question — les deux choses reviennent au même — est susceptible de recevoir une solution scientifique. Et c’est qu’il est possible de passer du système d’équivalents que forment les plaisirs d’un individu au système d’équivalents que forment les plaisirs d’un autre individu.

Comment donc nous y prendrons-nous pour trouver une mesure commune des plaisirs de Primus et des plaisirs de Secundus ? Il faut ici, non pas supposer, mais constater que Primus trouve, à user par exemple d’un objet donné, un plaisir égal à celui que Secundus y trouve, ou double du plaisir de Secundus. Or cette constatation est possible. Désignons par 1 le plaisir que Primus retire de telle action ; il n’a qu’à mettre