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Page:Landry, Principes de morale rationnelle, 1906.djvu/199

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mination du bien, n’imaginaient pas qu’il y eût là un problème différent des problèmes de la spéculation.

La raison pratique se distingue de la raison spéculative. Ses exigences sont plus grandes, d’abord ; ce qui revient à dire que la raison, quand on l’envisage dans sa fonction pratique, est quelque chose de plus complet, de plus profond que lorsqu’on l’envisage dans sa fonction spéculative. La raison spéculative unifie le savoir, elle ramène la multiplicité indéfinie des connaissances particulières à un nombre toujours réduit de propositions toujours plus générales : et l’on aperçoit sans peine que cette unification n’a pas sa fin en elle-même, que cette science que la raison spéculative construit ne vaut qu’en tant qu’elle servira de moyen pour atteindre un but situé en dehors d’elle. La raison pratique, elle, ne se borne pas à unifier la conduite : elle réclame une autre chose encore, et tout d’abord, à savoir la justification de cette conduite ; elle veut que le principe auquel nos actes seront subordonnés se fasse approuver d’elle. Plus simplement, la science constate ce qui est, et la morale décide ce qui doit être ; et il faut bien voir que la deuxième recherche va plus loin que la première, qu’elle est l’aboutissement, le terme dernier où la philosophie doit venir, et où elle doit s’arrêter.

D’un autre côté, la marche que suit la raison pratique est différente de la marche suivie par la raison spéculative. L’unification que celle-ci opère dans la connaissance est une unification progressive, tout au moins dans l’ordre des vérités expérimentales : des faits particuliers on s’élève à des lois générales, qui seront rat tachées à leur tour à des lois plus vastes. Et cette uni-