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Page:Landry, Principes de morale rationnelle, 1906.djvu/200

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fication progressive, qui a pour condition l’abstraction, qui ne résume les phénomènes en des lois que parce qu’elle abandonne une partie de la réalité toujours infiniment complexe de ces phénomènes, cette unification est condamnée — la thèse opposée apparaît contradictoire et absurde — à demeurer toujours incomplète. Au contraire, l’unification de la conduite par la raison pratique doit être faite du premier coup. Il y a des problèmes scientifiques ; la tâche de la raison spéculative consiste dans une recherche multiple et qui jamais ne sera achevée ; mais il y a un problème pratique, qui comporte une solution, une seule. Il faut donc sans retard, quand on aborde l’étude de la morale, se mettre en quête de cette solution, sauf à appliquer ensuite le principe suprême qu’on aura adopté aux circonstances diverses de la vie.

J’ajoute encore — me réservant de revenir là-dessus plus loin — que lorsqu’on fera l’application du principe moral suprême à la diversité des circonstances de la vie, les formules générales auxquelles on arrivera seront très éloignées d’avoir la même valeur que les propositions générales de la science : celles-ci sont approximatives en ce sens qu’elles n’expriment jamais d’une manière adéquate la réalité concrète ; mais du moins n’unissent-elles que deux termes dont l’un est posé comme la suite immédiate de l’autre ; les règles morales, elles, doivent nous dire la valeur de nos actes, et comme cette valeur est subordonnée à la considération de toutes les conséquences de ces actes, et que les séries des conséquences de deux actes, si pareils que ceux-ci soient en eux-mêmes, sont toujours très loin de coïncider, les règles morales comporteront toujours