Page:Landry, Principes de morale rationnelle, 1906.djvu/204

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qu’il mérite, ce qui les a conduits à tomber, au sujet de ce devoir, dans des erreurs variées.

Les uns, après avoir développé leur conception du bien, sentant qu’il fallait attribuer à ce bien une certaine autorité sur notre conduite, ont entrepris de prouver que nous le voulions nécessairement, que la connaissance que nous en avons inspirait tous nos actes. C’est là le fameux paradoxe socratique, qu’après Socrate Platon et Leibnitz, entre autres, ont soutenu. Et les fondateurs de l’utilitarisme ont raisonné comme les métaphysiciens intellectualistes : ils ont affirmé que l’homme ne pouvait pas ne pas chercher toujours son plus grand plaisir, et ils ont cru que la tâche du moraliste consistait simplement à instruire ses semblables de leur intérêt, que trop souvent ils ignorent.

D’autres auteurs, parmi ceux qui sont partis de la considération du bien, ont recouru, pour assurer la réalisation du bien, non plus à la nécessité, mais à la contrainte. C’est ainsi qu’il y a lieu d’interpréter souvent la doctrine de ces moralistes métaphysiciens qui s’évertuent à démontrer la conformité de leur idéal moral avec le principe suprême et l’essence des choses : si leur argumentation procède parfois de l’idée que notre volonté ne peut pas ne pas se mettre d’accord avec la volonté directrice ou la réalité fondamentale de l’univers, elle implique aussi d’autres fois cette idée différente qu’il est, d’une manière ou de l’autre, de notre intérêt de nous accorder avec elle. Et on voit bien des auteurs qui expressément font appel, pour étayer le bien et lui conférer une autorité, à la notion de la sanction.

Enfin un troisième groupe de philosophes, ne croyant