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Page:Landry, Principes de morale rationnelle, 1906.djvu/219

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croit que la morale doit aboutir, qu’il réussit à tirer de cette loi des préceptes vraiment pratiques.

Abordons directement la question qui nous occupe. Il me faudrait montrer, pour bien faire, que les doctrines non utilitaires proposent toutes ou des principes purement verbaux, ou des principes qui ne répondent pas aux données du problème moral. Mais on comprendra qu’il n’est pas possible de passer ici une revue complète de ces doctrines. Même en laissant de côté les doctrines pratiques qui ne sont pas vraiment morales — je veux indiquer par là les formes diverses du naturalisme radical —, en négligeant, aussi, ces doctrines qui ne formulent pas de principes généraux et qui cherchent la solution du problème moral dans des intuitions particulières, je ne pourrai examiner qu’un petit nombre de doctrines, et je devrai les examiner très sommairement.

Il y a, chez beaucoup de philosophes, des formules, des principes pratiques qui sont tout verbaux, ou qui sont tellement vagues qu’ils échappent à la critique. Il est arrivé souvent aux moralistes, et principalement aux moralistes métaphysiciens, de spéculer sur le bien sans nous dire au juste ce que nous devons mettre dans cette notion. Platon, par exemple, nous dit perpétuellement que le bien est une réalité, qu’il est la réalité suprême et la cause de tout ce qu’il y a d’être dans l’univers ; il prend soin de proclamer que ce bien est une idée, accessible à la seule raison ; il le distingue du plaisir ; il veut qu’il exerce sur nous, pour autant qu’il nous est connu, un attrait invincible ; et sans doute aussi Platon nous fournit du bien, en