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Page:Landry, Principes de morale rationnelle, 1906.djvu/220

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plus d’un endroit, des déterminations qui ont une valeur pratique ; mais à l’ordinaire, néanmoins, il en parle en telle sorte qu’il semble que l’idée du bien n’ait pas besoin d’être définie ou même qu’elle ne comporte pas de définition, qu’elle soit vide de tout contenu[1].

Parlerai-je de la formule fameuse, si souvent prise dans l’antiquité comme fondement de la morale : il faut suivre la nature ? La diversité même des écoles qui ont employé cette formule — l’école péripatéticienne, la stoïcienne, l’épicurienne — montre tout de suite qu’une telle formule n’a point une signification précise, et qu’on peut la tenir pour vaine. De même pour cette autre formule — d’ailleurs assez proche de la précédente — qui est d’un usage assez courant dans la philosophie contemporaine : nous devons travailler à réaliser notre moi. Cette formule — et d’autres qu’on pourrait y ajouter — ne nous apprend rien par elle-même ; elle demande à être interprétée à l’aide de principes que l’on ne peut pas tirer d’elle. Et c’est pourquoi il convient de ne pas s’y arrêter.

Il y a lieu aussi de passer vite sur ces doctrines qui placent les fins morales en dehors des consciences. Un exemple récent de cette conception nous est fourni par M. Wundt[2]. M. Wundt ne veut pas du bonheur

  1. Cf., sur l’idée du bien, Simmel, Einleitung, I, t. I, pp. 47 sqq.
  2. M. Wundt est un naturaliste. Son naturalisme cependant n’est pas absolu : s’appuyant avant tout, pour constituer la morale, sur la considération des idées morales courantes et de la direction qui suit l’évolution de ces idées, M. Wundt néanmoins, comme on peut voir ci-dessus, s’aide aussi, d’une certaine manière qu’il ne définit pas très nettement, d’une dialectique rationnelle. Au reste, on peut examiner les conclusions où M. Wundt arrive en elles-mêmes, et faire abstraction de la méthode par où il est conduit à ces conclusions.