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Page:Landry, Principes de morale rationnelle, 1906.djvu/248

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à celle que réclame la nature des conditions ambiantes, c’est vouloir déchaîner la maladie dans la société dont on fait partie »[1].

M. Durkheim nous conseille donc d’être « sagement conservateurs »[2]. Si nous l’écoutons, nous éviterons de « nous substituer à la conscience morale des sociétés, [de] prétendre légiférer à sa place ». Comme il faudra, cependant, « apporter un peu de lumière » à cette conscience morale collective, « diminuer ses perplexités »[3], nous dirigerons nos efforts vers la conservation ou le rétablissement de la santé dans le corps social. « Pour les sociétés comme pour les individus la santé est bonne et désirable, la maladie au contraire est la chose mauvaise et qui doit être évitée »[4]. Cette santé de la société sera l’unique fin de notre activité sociale.

M. Durkheim, au reste, ne s’en tient pas à cette première formule. Il cherche « un critère objectif, inhérent aux faits eux-mêmes, qui nous permette de distinguer scientifiquement la santé de la maladie dans les divers ordres de phénomènes sociaux »[5]. Ce critère, il le trouve dans la normalité ; et le normal à son tour est identifié avec le général et le moyen[6].

Si l’on va au fond des choses, on s’apercevra aisément que toute cette doctrine de M. Durkheim procède d’un principe utilitaire. Et M. Durkheim ne laisse pas de montrer parfois cette source véritable de ses idées. Il justifiera, par exemple, son appréciation sur les phé-

  1. De la division du travail social, II, 5, § 2, p. 332.
  2. Préf. de la Ire éd., p. XL.
  3. V. Introd., p. 8.
  4. Les règles de la méthode sociologique, 3, p. 61.
  5. Ibid.
  6. 3, § 1.