Page:Landry, Principes de morale rationnelle, 1906.djvu/249

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nomènes sociaux qui ont de la généralité en disant que les formes d’organisation les plus répandues ne peuvent pas manquer d’être, du moins dans leur ensemble, les plus avantageuses[1].

Il reste, toutefois, que M. Durkheim, en substituant à la formule du plus grand bonheur la formule de la santé, puis celle de la normalité et de la généralité, s’écarte, ou s’expose à s’écarter de l’utilitarisme. Il nous interdira, par exemple, de poursuivre ces améliorations sociales qui éloigneraient la société du type normal. Car de telles améliorations sont facilement concevables, et c’est en vain que M. Durkheim en nie la possibilité : quand il dit que ces prétendues améliorations ou bien ne répondent à aucune tendance latente ou en acte, auquel cas elles n’ajouteront rien au bonheur des hommes, ou bien répondent à quelque tendance, ce qui indique que le type normal n’est pas réalisé, quand il dit qu’avant ces améliorations il y en a nécessairement d’autres à réaliser qui sont plus urgentes, il ne réussit pas à nous convaincre[2].

D’autre part, ce type normal, qui ne contient pas tout ce qu’il y a lieu pour nous de vouloir, contient des caractères que nous devons chercher à éliminer. M. Durkheim le conteste ; et constatant, par exemple, que le crime est un phénomène normal, il entreprend de démontrer que le crime est un facteur de la santé sociale, qu’il est utile[3]. Mais cette thèse a quelque chose

  1. 3, § 1, p.73.
  2. Voir 3, § 2, p. 80, note. M. Durkheim ajoute que pour améliorer le type normal, il faut le connaître. Il avoue par là qu’on peut travailler à avoir mieux que le type normal.
  3. 3, § 3, p. 83 ; cf. Préf. de la Ire éd., pp. vi-vii, note.