Aller au contenu

Page:Landry, Principes de morale rationnelle, 1906.djvu/25

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

rale telle que je l’entends, est emportée par un mouvement nécessaire vers cette dernière, ou pour mieux parler se laisse toujours davantage pénétrer par elle.

La morale vulgaire consiste dans un ensemble d’idées, de règles, que nous recevons de la société au milieu de laquelle nous vivons, qui constituent la conscience collective de cette société. Cette conscience collective, les fondateurs et les maîtres de la sociologie se sont efforcés, en même temps que d’en définir les caractères, d’en reconnaître l’origine. Pour Spencer, elle procède d’une vue plus ou moins confuse des limitations que l’activité des individus doit subir pour que la vie sociale soit possible ; l’expérience accumulée des générations successives a élaboré cet ensemble de croyances, qui tendent à la conservation de la société, ou qui du moins y ont tendu quand elles ont pris naissance. D’autres après Spencer ont élargi l’explication en indiquant que l’intuition de l’utilité sociale, ou même la sympathie, n’ont pas toujours été la source des croyances morales populaires. Nous pouvons nous dispenser d’entrer dans la discussion de ces théories. L’origine des morales populaires nous importe peu. Tout ce que nous devons considérer, c’est la manière dont ces morales agissent sur les individus. Et alors nous trouverons à première vue une opposition très nette, presque un abîme entre ces morales et la morale telle que je l’ai définie.

Le besoin que la morale rationnelle satisfait a un double caractère : c’est, d’une part, le besoin d’unifier notre conduite, de subordonner toute cette conduite à un principe suprême, c’est en même temps et avant tout le besoin de déterminer une conduite qui ne soit