Page:Landry, Principes de morale rationnelle, 1906.djvu/267

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quez contre l’utilitarisme l’utilitarisme lui-même. Soyez logique, vous arriverez, non pas à nier la doctrine utilitaire, mais à.compléter, à corriger certaine façon d’appliquer le principe de la doctrine. L’utilitarisme veut que nous pesions dans chaque cas particulier le bien et le mal — le plaisir et la peine — et que nous nous décidions d’après les résultats de cette pesée ; mais parmi les éléments qui doivent entrer en compte il en est qui sont tels qu’il nous conviendra, en définitive, pour chaque espèce de cas, de nous faire des règles d’action immuables, des règles du moins auxquelles nous ne manquerons qu’avec la plus grande circonspection[1].

  1. Je n’ai pas la prétention d’avoir traité à fond la question de la règle en morale. Je n’ai pas examiné, par exemple, comment, l’utilité des règles étant admise, il conviendrait de résoudre les conflits de devoirs ; car il y aura de tels conflits, du moment qu’on entreprend de déterminer des règles. Je pourrais remarquer, encore, que la conception que je viens d’exposer au sujet des règles morales s’impose avec moins de force quand il s’agit de morale personnelle que lorsqu’il s’agit de morale sociale : il serait bon que chaque individu se fixât, pour celles de ses actions qui ne concernent que lui, des règles qui seraient universelles par rapport à lui — en ce sens qu’il s’astreindrait à n’y jamais manquer —, mais qui cependant seraient appropriées à son tempérament, à son caractère particuliers ; il est vrai que la considération de l’exemple à donner interviendra souvent ici, et nous détournera de faire ce qui pour nous serait le meilleur.