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II

Nous venons d’examiner la question des règles morales. Je n’ai pas l’intention d’étudier maintenant toutes les autres questions relatives à l’application du principe moral suprême. Je me bornerai à dire quelques mots de l’une de ces questions, celle qui consiste à savoir si, dans la détermination des règles de la ligne de conduite que nous suivrons et que nous engagerons nos semblables à suivre, nous devrons nous attacher à ce qui en soi est le meilleur, ou nous en écarter au contraire, d’une certaine manière que je vais préciser.

Commençons par remarquer que la morale que nous pratiquerons et celle que nous travaillerons à répandre devront être identiques autant que possible. On peut se laisser convertir par quelqu’un qui prêche une certaine morale et qui, croyant à cette morale, n’y conforme pas cependant sa conduite : une doctrine s’impose dans une certaine mesure par la seule vertu de la vérité qui est en elle, ou que les gens croient y voir. L’importance de l’exemple n’en est pas moins très grande ici, tant pour faire accepter la doctrine que pour décider les gens à la suivre. Et il ne conviendrait pas de s’affranchir en secret de cette morale que l’on prêcherait aux autres, et que l’on pratiquerait extérieurement : on en a vu les raisons plus haut.

Ce qui est concevable, c’est que, tenant de certaines actions, de certaines règles pour bonnes en soi, on juge à propos cependant d’en recommander et d’en