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Page:Landry, Principes de morale rationnelle, 1906.djvu/270

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Ce que je viens de dire s’applique à la morale — à ce qu’on entend d’ordinaire par ce mot — ; il convient de parler différemment au sujet de la politique.


Les rapports véritables de la politique avec la morale n’ont pas été toujours nettement discernés. Que des rapports existent, c’est ce qui ne saurait faire de doute ; cela du moins si on ne voit pas dans la politique une simple technique à laquelle on demanderait les moyens d’atteindre une fin arbitrairement choisie — la consolidation et la perpétuation du pouvoir d’un souverain, par exemple —. Mais quels sont ces rapports ? On pense, d’ordinaire, que la politique a pour objet de réaliser dans la société un minimum de moralité, ou plutôt de bien : ainsi les règles du droit s’accorderont avec les règles morales essentielles, elles en procéderont si l’on préfère ; les règles fondamentales du droit tout au moins, car les règles dérivées — que l’on pense aux règles de la procédure, par exemple, ou aux lois relatives à la mitoyenneté — n’ont plus en elles-mêmes, immédiatement, un caractère moral[1].

Je ne discuterai pas longuement cette conception ; je ne relèverai pas ce qu’il y a d’erroné dans la distinction établie entre des règles qui seraient morales par elles-mêmes et des règles, d’autre part, qui dériveraient de ces règles morales — au vrai, toutes les règles pratiques rationnelles sont dérivées d’un principe suprême — Je me contenterai d’opposer à la conception qu’on vient de voir une conception différente, celle qui veut

  1. Cf. Wundt, Ethik, III, 4, § 5 e.