Page:Landry, Principes de morale rationnelle, 1906.djvu/272

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créera des institutions de bienfaisance et alimentera leur budget avec des impôts que nous serons contraints de payer ; ou bien même elle transformera radicalement le régime de la propriété pour introduire dans la société une répartition des richesses qui accroisse le bien-être général.

Quelle est l’efficacité de la politique par rapport à la morale, si la politique peut ou non plus que la morale pour la réalisation de ces fins qu’elles visent toutes les deux, c’est une question très controversée. On voit aujourd’hui des auteurs qui paraissent n’attacher d’importance qu’à la politique, qui attendent d’elle seule l’amélioration du sort des hommes. Il y a dans cette opinion beaucoup d’exagération. Ceux qui la soutiennent oublient tout d’abord qu’il y a des fins bonnes qui relèvent de la morale seule, tout au moins pour partie. Considérons les préceptes de la morale dite personnelle : je consens qu’on fasse très grande, quand il s’agit d’expliquer les manquements à ces préceptes — l’intempérance par exemple — l’influence des conditions sociales, qu’on attende beaucoup, pour assurer l’observation de ces préceptes, de telle modification à l’état social qu’il appartient à la politique seule d’opérer. Il reste que les conditions sociales ne sont pas la cause unique de l’intempérance et des vices analogues, que la politique ne réussira jamais à extirper ces vices complètement.

Mais prenons les cas où l’on peut recourir simultanément à la morale et à la politique. Celle-là n’a-t-elle pas son efficacité, et cette efficacité ne sera-t-elle pas plus grande à l’ordinaire, par rapport au temps présent et à l’avenir prochain, que celle de l’action politique ?