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Page:Landry, Principes de morale rationnelle, 1906.djvu/28

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taine unification de l’activité. On pourra se donner comme but unique d’être vertueux, de faire le bien ; on cherchera uniquement à arriver au plus haut degré de vertu, le degré de la vertu se mesurant soit par le petit nombre des fautes qu’on se sera laissé aller à commettre, soit encore par l’excellence, ou par la difficulté des devoirs accomplis. La raison veut encore que nous ne fassions rien qui ne puisse être justifié ? Mais dans la régression que cette justification nécessite, il faut bien s’arrêter quelque part ; on ne peut aller à l’infini ; on s’arrêtera lorsqu’on sera en face d’un principe qu’on ne saurait refuser d’accepter, d’une fin qui se révélera comme bonne en elle-même. Or les prescriptions de la morale vulgaire peuvent être prises, quand on n’approfondit pas les choses, pour cet ἱκανόν vers lequel on remonte, et qu’il n’y a pas lieu de dépasser. L’origine mystérieuse de ces prescriptions les rend en quelque sorte sacrées ; le fait même qu’elles ne sont accompagnées d’aucune justification peut faire croire qu’elles n’ont pas besoin d’être justifiées, étant donné d’autre part la force avec laquelle elles agissent sur l’esprit.

Il n’est pas seulement concevable que la moralité rationnelle vienne se mêler à l’autre moralité, que le besoin moral rationnel — ou le besoin moral, comme je dirai désormais — se substitue à l’habitude ou à la crainte de la réprobation comme cause ou comme motif de l’obéissance aux prescriptions de la morale vulgaire. Il faut aller plus loin, et présenter cela comme un fait certain.

Ce fait, l’observation la plus familière permet de