Page:Landry, Principes de morale rationnelle, 1906.djvu/29

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l’établir. Tout le monde a remarqué qu’il est deux façons d’obéir aux commandements de cette morale que la vie dans la société nous enseigne à tous. Les uns obéissent à ces commandements parce qu’ils sont naturellement dociles, et disposés par leur caractère à subir toutes les autorités qui s’exerceront sur eux ; ou bien encore ils redoutent le blâme de leurs semblables. D’autres se conforment à ces mêmes commandements parce que leur raison l’exige d’eux, parce qu’elle leur dit, simplement, d’agir ainsi — car il y a des hommes d’un caractère si droit, que la raison chez eux n’a pas besoin d’exiger, qu’il lui suffit d’indiquer la voie —.

Bien des signes montrent à laquelle des deux catégories qui viennent d’être distinguées un individu appartient. Ceux qui sont moraux parce qu’ils estiment qu’ils se doivent de l’être, parce qu’ils veulent que leur raison puisse les approuver et qu’il leur semble qu’elle ne les approuvera qu’à cette condition, ceux-là attacheront moins d’importance à la conformité de leurs actes avec les préceptes qu’à la pureté de l’intention. Non pas que par là je veuille préjuger, dès à présent, si le bien est tout dans l’intention, dans le motif pour lequel on agit : ce n’est que plus tard que nous examinerons s’il en est ainsi ; et peut-être serons-nous conduits à repousser cette thèse. Mais l’on comprend aisément qu’un homme dont la moralité a une source intérieure, et procède d’un besoin de sa raison, doit incliner à ne donner du prix qu’à ce qui est intérieur dans la moralité, c’est-à-dire à l’intention.

Les mêmes hommes dont je viens de parler ne chercheront pas à éluder les prescriptions qu’ils rencontrent sur leur chemin, comme d’autres feraient ;