Page:Landry, Principes de morale rationnelle, 1906.djvu/44

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elles obéissent : un art, non pas empirique, mais rationnel, prendra naissance qui se rattachera à cette science des mœurs comme les arts industriels se rattachent à la mécanique, à la physique et à la chimie, comme la médecine se rattache à la physiologie.

Telle est, brièvement exposée, la doctrine. Je ne m’attarderai pas à examiner si, dans ce qu’elle dit de la formation et de l’évolution des croyances morales, elle n’est pas trop simpliste. Nos auteurs, préoccupés de créer une sociologie qui fût spécifiquement distincte des autres sciences, ont prétendu ne faire dépendre les croyances morales, les mœurs, que de facteurs sociologiques, c’est-à-dire extérieurs à l’individu ; et cette vue, qui correspond jusqu’à un certain point à la réalité quand il s’agit des hommes primitifs, contient encore une part de vérité quand on considère les hommes des sociétés plus avancées. Il n’en reste pas moins qu’il faut se garder d’exagérer la difficulté avec laquelle les idées morales naissent ou meurent, que le sort de ces idées dépend de facteurs psychologiques en même temps qu’il dépend de facteurs sociologiques, qu’il est lié en particulier dans une certaine mesure, laquelle varie avec le développement de l’individu, aux rapports de ces idées entre elles et à leur rapport avec les exigences de la raison.

Une remarque plus importante, c’est que la science des mœurs n’est pas, contrairement à ce qu’on semble nous dire, la seule science dont l’ « art pratique rationnel » ait besoin pour se fonder. La pratique, si elle peut avoir besoin de la science des mœurs, a besoin aussi de la physiologie, de la psychologie, de l’économie politique et de telles autres branches de la sociologie