Aller au contenu

Page:Landry, Principes de morale rationnelle, 1906.djvu/69

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

s’y efforcent, à l’idée de l’ « obligation » et à celle de la sanction, de laquelle celle-là tire tout ce qu’elle peut avoir de consistance et en quelque sorte de réalité[1]. Mais il y a une autre cause, à savoir ce « platonisme » qui porte les philosophes à objectiver, à hypostasier ce qui n’a d’existence que dans la pensée. Ce platonisme, M. Fouillée, qui y a cédé comme Guyau, comme Guyau l’a jugé une fois on ne peut mieux : c’est quand il montre le métaphysicien se frappant les yeux et se flattant ensuite d’avoir entrevu le « bien objectif » à la lumière de son œil propre. « Nous projetons sans preuve hors de nous, dit-il, ce qui n’a peut-être d’existence qu’en nous et par nous, au lieu de reconnaître que, s’il y a dans la profonde nuit des choses une lumière, elle vient du plus profond de nous-mêmes »[2]. Cette phrase est à retenir comme un aveu : elle est la condamnation la plus nette de toute morale « théorique » qui se fonderait sur la métaphysique.

  1. Voir le passage des pages 74-75 que j’ai déjà cité.
  2. P. 317 (VI, 3).