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Page:Landry, Principes de morale rationnelle, 1906.djvu/99

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posant avec celles-ci ? c’était lui ôter le caractère que je viens d’indiquer, caractère sans lequel il semblait à Kant que le devoir perdait toute son autorité et cessait d’exister.

Ainsi Kant commence par postuler l’autorité absolue du principe moral ; et c’est de là que résulte pour lui l’impossibilité d’accepter que ce principe agisse au milieu des autres forces psychiques, et comme elles. Mais cette marche renverse l’ordre logique. Tout d’abord, il faut demander aux faits comment le principe moral se comporte ; c’est à eux de dire ce qu’il est ; et l’on devra rejeter toute conception, si séduisante soit-elle, si fortement qu’elle paraisse s’imposer à l’esprit, qui ne s’accordera pas avec eux. Or les faits, si on les envisage sans parti pris, nous montrent que la raison nous aide à nous déterminer à ces actions qui lui paraissent les meilleures, qu’elle a une influence sur notre activité. Et Kant lui-même n’a pas pu le nier toujours. Il a dit quelque part qu’on ne saurait dans l’expérience montrer une seule action à laquelle on pût assigner comme cause la pure volonté du bien ; mieux que cela : sa théorie demande que toutes nos actions, en tant qu’elles prennent place dans la suite des phénomènes, soient expliquées par des antécédents « pathologiques », sans rapport avec les principes de la raison. Mais il arrive aussi à Kant de parler en pédagogue, en psychologue : quand par exemple, dans sa Méthodologie de la raison pure pratique, Kant entreprend de prouver que les lois « objectivement pratiques » de la raison pure sont « subjectivement pratiques », il est assez apparent que les preuves qu’il fournit n’ont pas trait à une influence de ces lois sur le moi nouménal,