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baril qu’il venait d’acheter quatre onces d’alun parfaitement bien conservé, et je vous assure que quatre onces d’alun représentent un volume assez respectable. Je tiens ce fait de l’élève lui-même qui a fait cette intéressante découverte, et il m’a été confirmé par d’autres élèves qui en ont été témoins et qui sont prêts à en constater l’authenticité. Voici les documents relatifs au fait en question.

« Université Laval, 29 mars 1867.
« Monsieur et cher confrère,

« J’ai su que vous faisiez l’analyse de plusieurs échantillons des différentes boissons que l’on vend à Québec. Cette analyse ou plutôt toutes ces différentes analyses demandent une étude spéciale sur la composition des boissons alcooliques et sur le rôle que doit y jouer la présence de ces nombreux ingrédients dont on se sert pour la falsification. Veuillez donc alors avoir la bonté de me dire dans quel but on ajoute de l’alun au brandy. J’ai toujours cru que le brandy n’était que le produit de la distillation du vin. Pourquoi alors l’alun ? Voici ce qui me détermine à vous faire cette question. Je suis allé chez Th… faire l’acquisition d’un baril qui m’a été donné comme un baril contenant autrefois du brandy. Or j’ai trouvé quatre onces d’alun au fond du baril : voilà ce qui m’intrigue. Inutile de vous répéter que je désire beaucoup savoir à quoi m’en tenir sur la présence de cet alun dans le brandy.

« Je demeure, etc., etc.,
« J. Guernon,
« Etd. en Médecine, U. L. »
Réponse
Mon cher confrère,

J’accuse réception de votre lettre d’hier, et voici la réponse que vous me demandez. Les sophistiqueurs ajoutent de l’eau à leurs spiritueux. Or l’addition de cette eau a pour effet d’occasionner l’apparition d’un précipité blanc, d’apparence laiteuse et qui trouble la limpidité de la liqueur. Pour cacher aux yeux des consommateurs cette preuve toujours manifeste de la falsification on a alors soin d’ajouter à la liqueur en question, une quantité plus ou moins considérable d’alun. L’alumine de cet alun gagne le fond du vase mais non sans entraîner avec elle les plus petites particules du susdit précipité blanc d’apparence laiteuse. C’est donc un rôle purement mécanique que joue ici la présence de l’alun. On ajoute souvent du sous-acétate de plomb pour hâter l’heureux résultat obtenu par l’emploi de l’alun, mais la présence d’un sel de plomb dans une