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se fait qu’elle soit maintenant en ma possession ; tout ce que je vous dirai c’est que cette recette vient de Montréal où un marchand, que je ne nommerai pas, en est très-content puisqu’il y trouve son profit : je puis facilement prouver la vérité de mes avancés à tous ceux qui auraient quelqu’intérêt à ne pas m’en croire sur parole.

Et maintenant, ami lecteur, n’avez-vous jamais entendu répéter cette phrase devenue pour ainsi dire proverbiale : un malheur n’arrive jamais seul ! Je vous demande la permission de changer un mot dans cette phrase et de dire : un bonheur n’arrive jamais seul. Et c’est ce qui m’a été prouvé aujourd’hui. Il n’y avait pas une heure en effet que j’étais devenu l’heureux possesseur des susdites recettes, et déjà, la fortune me souriant, dix-huit autres recettes venaient s’additionner à celles que j’avais et en portaient ainsi le nombre à vingt-deux ! Le chiffre vous paraît peut-être un peu trop considérable ; écoutez alors. Voici ce que je lis dans un ouvrage publié, en France, sur les falsifications des substances alimentaires :

Chaque débitant a, en quelque sorte, une recette particulière pour préparer ce qu’il appelle sa sauce. Voici, par exemple, la formule d’une de ces sauces en usage chez certains fabricants d’eau-de-vie.

Cachou en poudre 250 grammes
Sassafras 468
Fleur de genêt 500
Thé Suisse 192
Thé hyswin 128
Capillaire du Canada 128
Réglisse verte 500
Iris de Florence 16
Alcool à 33° 6 litres

“Cette teinture alcoolique a été quelquefois remplacés par une infusion aqueuse ajoutée à chaud à l’eau-de-vie et faite avec la quantité d’eau nécessaire pour couper ce spiritueux… Ces détails sur la falsification des eaux-de-vie ont été publiés par MM. Girardin et Morin, qui furent chargés, en 1844, par M. le procureur du roi de Rouen, d’examiner 35 échantillons d’esprit et d’eau-de-vie saisis chez divers marchands en gros et débitants de cette ville. Ces chimistes conclurent de leurs recherches (attention ici, ami lecteur !) que sur les 35 échantillons : 21 contenaient de l’acide sulfurique ; 5 de l’acide acétique ; 20 étaient colorés par le cachou ou par des matières astringentes ; 5 devaient leur couleur au tannin du chêne et 7 au caramel (sucre brûlé) ; quelques échantillons ne marquaient que 35 à 36° centésimaux.” (M. A. Chevalier. — Dictionnaire