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Traité populaire d’agriculture

La pratique nous apprend que l’état même de l’atmosphère exerce une influence prononcée sur les effets du plâtrage. Si le printemps est froid, le plâtre agit à peine ; la chaleur et l’humidité réunies développent, au contraire, tous ses effets ; une gelée, même très légère, arrête subitement son action.

Ce que l’expérience nous démontre aussi, c’est que le plâtrage ne doit être employé que tous les cinq ou six ans ; plus souvent, on risque de frapper le sol de stérilité au lieu d’en augmenter la fécondité.

Le plâtre s’emploie à la dose de un à trois minots par arpent.

Mélangé au tas de fumier, le plâtre en diminue la consommation et agit alors sur toutes les récoltes.

Il existe sur la manière dont il agit sur les plantes plusieurs théories, que nous ne discuterons pas dans ce traité.

Voici les principales :

Théorie de Liebig. — L’air atmosphérique contient de l’ammoniaque que les eaux pluviales dissolvent et entraînent jusqu’au sol. Cette ammoniaque se combine avec l’acide carbonique et forme du carbonate d’ammoniaque. Si ce carbonate d’ammoniaque rencontre du sulfate de chaux (plâtre), il se fait un double échange de base et d’acide : l’acide sulfurique s’empare de l’ammoniaque, l’acide carbonique de la chaux ; après cet échange, il n’existe plus que du carbonate de chaux et du sulfate d’ammoniaque, comme on peut s’en convaincre par la formule suivante :

Sulfate de chaux Acide sulfurique × Chaux.
Carbonate d’ammoniaque Ammoniaque × Acide carbonique.
Il résulte du double échange : Sulfate d’ammoniaque. Carbonate de chaux.

Or, le sulfate d’ammoniaque étant de tous les sels ammoniacaux le moins volatil, demeure dans le sol