Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1877, tome 1.djvu/155

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véritable donne nécessairement un caractère très-enfantin, nous intéressent moins que celles qui sont indépendantes des connaissances positives proprement dites. Ainsi Epicure essaya de ramener aux lois de la nature l’origine des langues et du savoir.

Les dénominations des objets, affirmait-il, n’ont pas été produites systématiquement, mais elles se sont formées il mesure que les hommes proféraient des sons particuliers, qui variaient suivant la nature des choses. Une convention confirma l’emploi de ces sons ; et ainsi se développèrent les langues diverses. De nouveaux objets donnèrent naissance à de nouveaux sons, que l’usage répandit et rendit intelligibles.

La nature a instruit l’homme de bien des manières et l’a mis dans la nécessité d’agir.

Les objets rapprochés de nous font naître spontanément la réflexion et la recherche, plus ou moins vite selon les individus ; et c’est ainsi que le développement des idées se poursuit à l’infini à travers des périodes indéterminées.

La logique fut la science qu’Épicure développa le moins ; mais il le fit à dessein et pour des motifs qui honorent grandement son intelligence et son caractère. Quand on se rappelle que la plupart des philosophes grecs cherchaient è briller par des thèses paradoxales, par les subtilités de la dialectique, et qu’ils embrouillaient les questions au lieu de les éclaircir, on ne peut que louer le bon sens d’Épicure d’avoir rejeté la dialectique comme inutile et même comme nuisible. Aussi n’employait-il pas de terminologie technique, aux expressions étranges ; mais il expliquait tout dans la langue usuelle. À l’orateur, il ne demandait que la clarté. Néanmoins, il essaya d’établir un critérium de la vérité.

Ici encore, nous rencontrons un point sur lequel Épicure est communément mal compris et injustement apprécié, même de nos jours. L’extrême simplicité de sa logique est universellement reconnue, mais on la traite avec un dédain