Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1877, tome 1.djvu/256

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l’Europe dans d’étroites relations qu’on n’a pas revues depuis ce temps-là. Le bruit d’une découverte, d’un livre important, d’une polémique littéraire se répandait, dans tous les pays civilisés, sinon avec plus de rapidité, du moins avec une influence plus générale et plus profonde qu’aujourd’hui.

Si l’on étudie, dans son ensemble, le mouvement de régénération, dont on ne peut guère déterminer le commencement ni la fin, depuis le milieu du XVe siècle jusqu’au milieu du XVIIe siècle, on pourra reconnaître dans ces deux siècles quatre périodes, dont les limites sont quelque peu confuses, mais qui diffèrent les unes des autres par leurs traits principaux. Durant la première, la philologie préoccupe l’Europe savante. C’est l’époque de Laurent Valla, d’Ange Politien et du grand Érasme, qui marque la transition à la théologie. La domination de la théologie, que déterminent suffisamment les agitations de la Réforme, étouffa, pendant quelque temps, particulièrement en Allemagne, tout autre intérêt scientifique. Les sciences physiques qui, dès l’époque de la Renaissance, avaient grandi dans les laboratoires silencieux des savants, parurent au premier plan, à la brillante époque de Kepler et de Galilée. En quatrième et dernier lieu se produisit la philosophie, quoique la période culminante de l’activité créatrice d’un Bacon et d’un Descartes suive de très-près les grandes découvertes de Kepler. L’influence de toutes ces périodes de créations scientifiques agissait encore sur l’esprit des contemporains lorsque, vers le milieu du XVIIe siècle, Gassendi et Hobbes développèrent de nouveau systématiquement la philosophie matérialiste de la nature.

Si, dans ce résumé, nous plaçons à la fin la régénération de la philosophie, on ne pourra guère nous en faire un reproche, pourvu que l’on ne prenne pas au pied de la lettre les mots : renaissance, résurrection de l’antiquité, et que l’on saisisse le vrai caractère de ce mouvement grandiose et homogène. Cette époque se rattache avec enthousiasme aux