Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1877, tome 1.djvu/316

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rialiste en faveur d’un sensualisme conséquent, parce que, comme Démocrite dans l’antiquité, il partait de la spéculation mathématico-physique des choses extérieures. Son système reste donc essentiellement matérialiste, malgré les germes de sensualisme qu’il renferme.

Quant à la contemplation de l’univers, Hobbes se borne aux phénomènes que l’on peut connaître et expliquer par la loi de causalité. Il abandonne aux théologiens tout ce sur quoi l’on ne peut rien savoir de certain. On trouve encore un paradoxe remarquable dans sa théorie de la corporalité de Dieu qui n’est pas affirmée, parce qu’elle contredisait un article de foi de l’Église anglicane, mais seulement indiquée comme une conséquence naturelle (33). Si l’on eût pu entendre une conversation tout à fait confidentielle entre Gassendi et Hobbes, on les aurait peut-être trouvés en désaccord sur la question de savoir s’il faut regarder comme divinité la chaleur qui anime tout, ou l’air qui embrasse tout.