Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1877, tome 1.djvu/327

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guerre à la tradition, est considère à lion droit comme le commencement d’une ère nouvelle dans l’histoire de la chimie. En physique, il a fait les découvertes les plus importantes ; plus tard elles ont été en partie attribuées à d’autres ; on ne saurait nier d’ailleurs que ses théories, sous bien des rapports, soient obscures et incomplètes : il stimule et prépare les esprits infiniment plus qu’il ne donne de solutions décisives (42).

Ce qui, malgré tous ses défauts naturels, le guidait si sûrement, était, avant toutes choses, sa haine ardente contre la phraséologie et la fausse science des scholastiques et sa confiance exclusive dans ce qu’il voyait devant lui et pouvait montrer aux autres comme résultat de ses expériences (43). Il fut un des premiers membres de la Royal Society, fondée par Charles II, et, plus que tous les autres sans doute, il travailla énergiquement dans l’esprit de cette fondation. Il tenait un journal régulier (44) de ses expériences et il n’oubliait jamais, quand il avait fait une découverte, quelque peu importante, de la montrera ses collègues et à d’autres hommes compétents pour qu’ils pussent en juger par leurs propres yeux. Ce mode de procéder lui vaut déjà à lui seul une place dans l’histoire moderne des sciences physiques, qui n’auraient pu atteindre le haut degré où elles sont parvenues, si l’on n’eût contrôlé sans cesse les expériences par d’autres expériences.

Cette tendance vers l’expérimentation est très-fortement appuyée par la conception matérialiste de l’essence des corps de la nature. Sous ce rapport, il importe de remarquer sa dissertation sur l’Origine des formes et des qualités (45). Il y nomme une série d’adversaires d’Aristote, desquels il avait utilisé tous les ouvrages ; cependant le livre, qui lui a été le plus profitable, est le court, mais très-important, Compendium de la philosophie d’Épicure pur Gassendi ; Boyle regrette de ne pas s’en être approprié plus tôt les idées (46). Nous retrouvons le même éloge de la philosophie d’Épicure dans