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Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1877, tome 1.djvu/328

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d’autres dissertations de Boyle, lequel, il est vrai, proteste de la façon la plus vive contre les conséquences athées de cette même philosophie. Nous avons vu, à propos de Gassendi, que l’on peut révoquer en doute la sincérité de sa protestation ; quant à la sincérité de Boyle, elle est incontestable. Il compare l’univers à l’horloge artistique de Strasbourg (47) ; l’univers est pour lui un grand mécanisme, se mouvant d’après des lois fixes ; mais, précisément comme l’horloge de Strasbourg, il doit avoir un auteur intelligent. Entre tous les éléments de l’épicuréisme, Boyle rejette particulièrement la théorie empédoclienne qui lait naître l’appropriation de la non-appropriation. Sa conception du monde, absolument comme celle de Newton, fonde la téléologie sur le mécanisme lui-même. Nous ne saurions affirmer si Boyle fut influencé par ses relations avec son jeune contemporain Newton, qui avait aussi une grande estime pour Gassendi, ou si, au contraire, Newton emprunte davantage à Boyle ; qu’il nous suffise de dire que les deux savants anglais s’accordaient à faire de Dieu le moteur premier des atomes et qu’ils admirent encore plus tard, dans la marche de la nature, l’intervention modificatrice de Dieu ; mais, en règle générale, ils expliquaient tout ce qui se passe dans la nature d’après les lois mécaniques du mouvement des atomes.

L’indivisibilité, qui a valu aux atomes le nom que Démocrite leur a donné, est la propriété dont les modernes font généralement bon marché. Ou bien on produit l’argument que Dieu, qui a créé les atomes, doit aussi savoir les diviser, ou bien l’on invoque ce relativisme qui se montre avec le plus de netteté chez Hobbes : même dans les éléments du monde corporel, on n’admet plus infiniment petit absolu. Boyle ne s’inquiète guère de ce point. Il donne à sa théorie le nom de philosophie corpusculaires, mais il est loin d’adhérer aux grandes modifications que Descartes avait introduites dans l’atomistique. Il admet l’impénétrabilité de la matière et, contrairement à Descartes, l’existence du vide. Cette