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Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1877, tome 1.djvu/335

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l’atomistique. Son relativisme en fait d’atomes eut pour résultat en physique la distinction plus nette, établie entre l’éther et la matière « pondérable ». Hobbes pense qu’il peut y avoir des corps assez petits pour échapper à nos sens et qui méritent, sous un certain point de vue, le nom d’atomes. Toutefois, à côté de ces atomes, il faut en admettre d’autres qui sont comparativement encore plus petits ; à côté de cette deuxième série, une troisième série d’atomes encore plus petits et ainsi de suite jusqu’à l’infini. La physique n’utilisa d’abord que le premier anneau de cette chaîne pour décomposer les éléments de tous les corps en atomes pesants, c’est-à-dire soumis à la gravitation, et pour admettre ensuite d’autres atomes, infiniment plus subtils, sans pesanteur appréciable, et cependant matériels, soumis aux mêmes lois du choc, du mouvement, etc. La cause de la pesanteur fut cherchée dans ces atomes et aucun physicien éminent ne pensait alors à une autre espèce de cause que le mécanisme du mouvement du choc.

Descartes n’était donc pas seul à déduire la pesanteur du choc de corpuscules éthérés (61). De nos jours, on a pris l’habitude de juger très-sévèrement ses audacieuses hypothèses, en les comparant aux démonstrations d’un Huyghens et d’un Newton ; mais ou oublie de reconnaître, ce qui est incontestable, que ces hommes s’accordaient cependant tous avec Descartes dans la conception des phénomènes naturels, conception unitaire, mécanique et, il est vrai, visiblement mécanique ; tous d’ailleurs avaient passé par l’école de Descartes.

On regardait tout simplement comme absurde l’hypothèse, aujourd’hui dominante, de l’action à distance. Newton ne constituait pas une exception à cet égard. Il déclare à plusieurs reprises, dans le cours de son grand ouvrage, que, pour des motifs méthodiques, il laisse de côté les causes physiques, inconnues, de la pesanteur, mais qu’il ne doute pas de leur existence. Il remarque, par exemple, qu’il considère les forces