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Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1877, tome 1.djvu/37

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table patrie de son être intime, tandis que le monde des atomes et de leurs vibrations éternelles lui paraît étranger et froid. » On reconnaît aisément dans ces lignes un écho de la pensée de Fichte[1].

Ce qui fait surtout l’excellence de la doctrine de Fichte aux yeux de Lange, c’est qu’elle unit intimement le sentiment religieux et la préoccupation sociale à l’inspiration métaphysique. Fichte a compris, selon lui, que la religion seule communique une efficacité véritable au sentiment qu’a l’individu de sa dépendance vis-à-vis du tout. Seule elle donne à l’impératif catégorique du devoir assez de force pour briser la résistance des passions. Pénétré de cette vérité que, pour toute âme vraiment religieuse, la foi spontanée, le sentiment l’emportent sur le dogme et sur les pratiques du culte, Fichte a essayé, sous le nom de philosophie de la religion, la conciliation de la raison philosophique et de la religion traditionnelle. Il a aussi été le premier « qui ait soulevé en Allemagne la question sociale ».

Que le christianisme transformé suffise à la mission moralisatrice et sociale que Lange, d’accord avec Fichte, assigne à la religion de l’avenir, ou que l’idée religieuse soit destinée à revêtir une autre forme, « il est certain que la religion de l’avenir devra unir deux choses : une idée morale capable d’enflammer le monde, et une tentative de régénération sociale assez énergique pour relever d’une manière sensible le niveau des masses opprimées ».

Cette religion aura son clergé, son culte, ses fêtes, ses

  1. Nous prenons la liberté de renvoyer le lecteur à notre livre sur et la Critique de Kant et la Métaphysique de Leibniz », p. 398 et suiv., Germer-Baillière, Paris, 1876.