Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1877, tome 1.djvu/40

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historique ; et il ne faut pas désespérer que, dans un avenir éloigné du moins, les plus profondes transformations pourront s’opérer sans que l’humanité soit mise à feu et à sang. Ce serait sans doute la plus belle récompense pour le penseur, s’il pouvait, par ses labeurs, frayer à la réalisation de l’inévitable une voie non ensanglantée par les sacrifices, et aider à transmettre sans aucune altération les trésors de la culture passée aux générations nouvelles. Mais cette espérance est bien faible… Le penseur n’en a pas moins le devoir de parler, bien qu’il sache que ses enseignements seront peu écoutés par les hommes du jour. »

C’est par ces paroles émues et résignées que le philosophe réformateur prend congé du lecteur. Elles peignent en traits saisissants cette âme militante et rêveuse de dialecticien et de mystique, de savant et de poëte, qui rappelle par tant de côtés la généreuse nature de Fichte.

Il nous reste à porter une appréciation sommaire sur les mérites et les défauts de l’œuvre de Lange, à juger la valeur de sa tentative de conciliation entre la science et la spéculation. Nous avons cru devoir nous attacher surtout à rassembler les traits essentiels de cette pensée si complexe, à préparer en quelque sorte pour le lecteur les éléments d’un jugement définitif. Nous ne voulons cependant pas nous soustraire à l’obligation de dire notre sentiment personnel sur le livre de Lange. Nous n’avons aucunement sans doute la prétention de diriger, encore moins d’enchaîner l’opinion d’autrui. Mais notre conscience de philosophe nous fait un devoir de rendre hommage, à notre tour, à la grande cause que défend Lange, en signalant et