Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1877, tome 1.djvu/51

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

maintenue par Spencer entre le domaine de la croyance et celui de la connaissance ; de la confession finale de Stuart-Mill dans ses Essais sur la religion : bornons-nous à rappeler ici les tentatives, estimables à des titres divers, qui ont été faites dans notre pays par des penseurs éminents. Est-ce que la Critique de Renouvier, la Métaphysique et la Science de Vacherot, le rapport de M. Ravaisson sur la Philosophie française du XIXe siècle, le livre de M. Caro sur le Matérialisme et la Science, l’ouvrage récent de M. Janet sur les Causes finales, ne sont pas pénétrés du même besoin auquel l’Histoire du matérialisme doit naissance ? On trouvera peut-être que la science y fait parfois les frais de la conciliation poursuivie. Mais n’est-ce point, par contre, la philosophie qui les paye trop souvent dans le livre de Lange ? Et cette différence marque justement l’originalité de l’entreprise de notre auteur en regard d’essais semblables. Nulle part le déterminisme scientifique, nulle part le mécanisme cartésien n’ont trouvé de notre temps un interprète aussi ferme, aussi pénétrant.

Il nous resterait à parler de l’influence qu’ont exercée les idées de Lange sur les penseurs contemporains. Les préoccupations sociales et religieuses qui s’accusent dans les écrits, remarquables à des titres divers, de M. de Hartmann et de Strauss, semblent bien inspirer, pour les combattre sans doute, des conceptions de Lange. Signalons surtout ce mouvement d’études kantiennes dont l’apparition de l’Histoire du matérialisme a donné en quelque sorte le signal.

En résumé, ni l’originalité, ni l’opportunité, ni l’influence n’ont manqué à l’œuvre de Lange.