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Avec ses rares qualités et ses graves défauts, l’Histoire du matérialisme est, à nos yeux, une des lectures les plus fortifiantes qui puissent être recommandées aux esprits que trouble trop facilement le spectacle des dissentiments et des contradictions de la pensée contemporaine.

Elle leur enseignera comment il faut juger l’opposition séculaire, mais trop aisément déclarée insurmontable de la spéculation et de la science positive. Ils y verront réduites à leur juste valeur les accusations passionnées, les craintes irréfléchies et les inquiétudes calculées, que provoque chez les esprits superficiels ou prévenus le nom seul du matérialisme ou l’idée du mécanisme physique. Ils comprendront mieux aussi quelle secrète affinité relie la métaphysique et la poésie. Lange leur apprendra, à tout le moins, qu’il n’est pas plus légitime de triompher contre la philosophie de la variété des doctrines philosophiques, que de tirer avantage contre l’art de la diversité des préférences esthétiques.

Plus que dans le reste de l’Europe, enfin, c’est peut-être chez nous que le divorce de la science et de la spéculation divise le plus profondément les intelligences. L’exemple de Lange réussira sans doute à les convaincre de la possibilité, disons mieux, de l’impérieuse nécessité d’associer la culture scientifique aux méditations de la philosophie.

D. Nolen.



Montpellier, août 1877.