Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1877, tome 1.djvu/543

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

2 [page 230]. Neumann, Grundriss der Thermochemie, Brunswick, 1869, ouvrage d’une grande valeur scientifique, a cependant tort de dire, page 11 : « La théorie atomistique de la chimie n’a rien de commun avec celle de Lucrèce et de Démocrite ». La continuité historique que nous démontrerons dans le cours de notre ouvrage, est déjà un trait commun, malgré toute la différence qui sépare le résultat définitif et les premiers développements de la doctrine.

Les deux théories ont d’ailleurs encore un point commun, que Fechner déclare être de la plus haute importance en atomistique, c’est d’admettre des molécules distinctes. Si ce n’est pas là un point aussi essentiel pour le chimiste que pour le physicien, il n’en conserve pas moins une importance d’autant plus grande que l’on s’efforce précisément, de concert avec Naumann, d’expliquer les phénomènes chimiques d’après les faits de la physique. Il n’est pas exact non plus (Ibid., p. 10 et 11) qu’avant Dalton personne n’ait démontré par les faits les droits et l’utilité de l’atomistique. Immédiatement après Gassendi, Boyle a donné cette démonstration pour la chimie et Newton pour la physique, et s’ils ne l’ont pas donnée dans le sens de la science actuelle, on ne doit pas oublier que la théorie de Dalton lui-même est dépassée aujourd’hui. Naumann a raison de demander (avec Fechner[1]) qu’avant de contester l’atomistique actuelle, on commence par la connaître. On peut dire aussi qu’avant de contester la parente de l’atomistique ancienne avec la moderne, il faut connaître non-seulement les faits d’histoire naturelle, mais encore les faits historiques.

3 [page 232]. De vita et moribus Epicuri, IV, 4 : « Dico solum, si Epicurus quibusdam religionis patriæ interfuit cæremoniis, quas mente tamen improbaret, videri posse, illi quandam excusationis speciem obtendi. Intereat enim, quia jus civile et tranquillitas publica illud ex ipso exigebat : improbabat, quia nihil cogit animum sapientis, ut vulgaria sapiat. Intus erat sui juris, extra, legibus obstrictus societatis hominum. Ita persolvebat eodem tempore quod et aliis debebat, et sibi… Pars hæc tum erat sapientiæ, ut philosophi sentirent cum paucis, loquebentur vero, agerentque cum multis. » (« Je dis seulement que si Épicure assista à quelques cérémonies religieuses de son pays, tout en les désapprouvant au fond du cœur, sa conduite fut jusqu’à un certain point excusable. Il y assistait, en effet, parce que le droit civil et l’ordre public exigeaient cela de lui : il les désapprouvait, parce que rien ne force l’âme du sage de penser à la façon du vulgaire. Dans son for intérieur, il ne dépendait que de lui-même ; au dehors, il était lié par les lois de la société humaine. Il payait ainsi en même temps ce

  1. Atomlehre. 1855. p. 3.