Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1877, tome 1.djvu/544

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qu’il devait aux autres et ce qu’il se devait à lui-même… Le rôle de la philosophie était alors de penser comme le petit nombre et de parler et d’agir avec la multitude. ») La dernière phrase paraît s’appliquer à l’époque de Gassendi plutôt qu’à celle d’Épicure, lequel jouissait et usait déjà d’une grande liberté d’enseignement et de parole. Hobbes[1] affirme que l’obéissance envers la religion de l’État implique le devoir de ne pas contredire ses doctrines. Dans sa conduite, il se conforma à ses paroles mais il ne se fit pas scrupule de ruiner tous les fondements de la religion dans l’esprit de ceux qui savaient tirer des conclusions. — Le Léviathan parut en 1651 ; le première édition du De vita et moribus Epicuri avait paru en 1647 ; mais ici la priorité d’idées n’a aucune importance ; c’était l’esprit de l’époque, et dans ces questions générales, là où il ne s’agissait ni de mathématiques ni de sciences naturelles Hobbes était certainement fixé longtemps avant de se lier avec Gassendi.

4 [page 232]. Remarquons ici le ton solennel avec lequel, vers la fin de la préface de son écrit De vita et moribus Epicuri, Gassendi fait des réserves en faveur de la doctrine de l’Église : « En religion, je suis de l’avis des ancêtres, c’est-à-dire de la religion catholique, apostolique et romaine, dont j’ai toujours défendu et dont je défendrai toujours les décrets ; jamais discours, soit d’un savant, soit d’un ignorant, ne m’en séparera. »

5 [page 233]. De vita et moribus Epicuri, fin de la préface (à Luiller) : « Tu as déjà en ta possession ses deux effigies, l’une faite d’après un camée, l’autre qui m’a été communiquée, pendant mon séjour à Louvain, par l’illustre Eryceus Puteanus, qui la publia aussi dans ses lettres, avec cette explication laudative : « Contemple, mon ami, l’âme du grand homme qui respire encore dans ces traits. C’est Épicure, avec son regard et son visage. Contemple cette image digne de ces traits, de ces mains, qui mérite enfin d’attirer tous les regards. » L’autre est un dessin de la statue placée à Rome près de l’entrée des jardins du palais des Lodovigi ; elle m’a été envoyée par notre ami Naudé (le même qui publia la dissertation de Hieronymus Rorarius, mentionnée dans la partie précédente) ; ce dessin a été fait par Henri Howen, peintre attaché à la maison du même cardinal. Insère le portrait que tu préféreras ; car tu vois qu’ils se ressemblent. Je me souviens d’ailleurs que tous deux concordent avec un autre portrait d’Épicure, conservé dans le riche cabinet de l’illustre Gaspard Monconis Liergues, juge à Lyon. »

6 [page 234]. Exercitationes paradoxicæ adverses aristoteleos, la Haye, 1656, préface : « D’un seul mot, il fait comprendre (L. VII) l’opi-

  1. Leviathan, cap. XXXII.