Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1877, tome 1.djvu/584

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dénote un prudent calcul, tandis que chez Lebnitz on remarque plutôt la sympathique adhésion d’une âme impressionnable, mais encore on peut trouver chez le philosophe allemand une teinte de mysticisme qui fait complètement défaut à Descartes[1]. En cela il n’y a ni une contradiction psychologique avec le clair et inflexible déterminisme de son système, ni un argument en faveur de la sincérité de ses tours d’adresse théologiques. — La citation de Lichtenberg, mentionnée dans le texte, est prise dans le premier volume de ses Vermischte Schriften, à l’article « Observations sur l’homme ». Voici le passage complet : « Leibnitz a défendu la religion chrétienne. Conclure directement de là, comme le font les théologiens, qu’il était bon chrétien, dénote une médiocre connaissance des hommes. La vanité de parler un peu mieux que les gens de métier est, chez un homme comme Leibnitz, qui avait peu de solidité, un mobile par lequel il fut poussé plutôt que par la religion. Sondons un peu mieux notre propre for intérieur, et nous verrons combien peu il est possible d’affirmer quelque chose sur le compte d’autrui. Je me flatte même de prouver que parfois on se figure croire à quelque chose et qu’en réalité on n’y croit pas. Rien n’est plus difficile à approfondir que le système des mobiles de nos actions. »

95 [page 413]. Un portrait caractéristique de Leibnitz, avec des considérations spéciales sur les influences qui déterminèrent sa théologie, nous a été donné par Biedermann[2]. — Biedermann a complètement raison de déclarer insuffisante notamment la célèbre apologie de Lessing défendant le point de vue adopté par Leihnitz. Lessing y parle des doctrines ésotérique et exotérique d’un ton qui nous paraît lui-même quelque peu ésotérique.

96 [page 416]. Voir I, 2e partie, p. 223, et la note 63, page 482. Hennings[3] fait des partisans de cette opinion une classe particulière d’idéalistes qu’il appelle « égoïstes » par opposition aux « pluralistes ».

97 [page 418]. Du Bois-Reymond[4] dit fort judicieusement : « On sait que la théorie des maxima et des minima des fonctions, par la découverte des tangentes, lui dut un progrès notable. Or il se figure Dieu, au moment de la création, comme un mathématicien qui résout

  1. Voir Zeller. p.103.
  2. Deutschland im XVIII Jahrhundert, II, chap. 5 ; voir en particulier les p. 242 et suiv.
  3. Gesch. von d. Seelen der Menschen und Thiere, Halle, 1774. p. 145.
  4. Leibnitz’sche Gedanken in der modernen Naturwissenschaft (zwei Festreden), Berlin, 1871, p. 17.