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Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/245

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forces et que la matière n’est en définitive qu’un résidu d’analyse rempli de contradictions, nous supposons que les forces existent par elles-mêmes. Il nous suffit de savoir que le mot force est un « terme auxiliaire » d’un emploi incessant, devant lequel, aussi loin que s’étend notre analyse, le « terme auxiliaire » de la matière recule dans l’infini ou l’inaccessible.

Si l’on veut définir la force par la « cause du mouvement » on ne fait qu’employer un terme auxiliaire à la place d’un autre terme auxiliaire. Il n’y a pas de « cause » de mouvement en dehors des équivalents de la force vive et des forces de tension, et ces équivalents désignent un simple rapport des phénomènes. D’après Fechner, la cause des mouvements gît dans la loi ; mais la loi aussi n’est-elle pas, en fin de compte, un « terme auxiliaire » pour l’ensemble des relations dans un groupe de phénomènes ?

L’idée de matière non-seulement peut, jusqu’au résidu insaisissable du « quelque chose », être ramenée à l’idée de force, mais il faut encore qu’elle renaisse synthétiquement de ces éléments ; c’est de quoi Zœllner nous fournit une preuve intéressante. Il s’agit de savoir si l’on ne pourrait pas déduire une modification des lois du mouvement de Newton, dans le sens de la loi de l’électricité de Weber, de l’hypothèse que les actions s’étendent d’un point à un autre, non pas instantanément, mais après un certain laps de temps, et l’on fait observer que déjà Gauss avait cherché, sans pouvoir la trouver, une « représentation constructible » d’une semblable propagation de la force à travers l’espace. Tout récemment, le mathématicien C. Neumann a essayé de résoudre ce problème, uniquement en faisant mouvoir dans l’espace les valeurs potentielles, c’est-à-dire l’expression mathématique pour de simples grandeurs de forces. Ici évidemment le nœud gordien de la « constructibilité » de la représentation est tranché avec le glaive. Nous obtenons une force additionnelle, dont l’agent n’est plus la matière, mais