Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/272

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est aujourd’hui ce qu’était alors la polémique plus générale touchant le matérialisme. — Büchner, il est vrai, trouve toujours de nouveaux lecteurs pour Force et Matière, mais on n’entend plus de feuille littéraire pousser un cri d’indignation quand il en paraît une édition nouvelle ; Moleschott, le véritable auteur de notre mouvement matérialiste, est presque oublié du grand public ; Carl Vogt lui-même n’est plus, guère mentionné, à moins qu’il ne s’agisse de questions spéciales d’anthropologie ou de quelques saillies inoubliables de sa verve caustique. Au lieu de cela tous les journaux prennent parti pour ou contre Darwin ; presque quotidiennement des écrits plus ou moins volumineux se publient sur la théorie de la descendance, la sélection naturelle et particulièrement, cela se comprend, sur l’origine de l’homme, tant d’individus de l’espèce humaine se trouvant tout affolés quand surgit un doute sur l’authenticité de leur arbre généalogique.

Malgré ce grand mouvement, nous pouvons, aujourd’hui encore, maintenir intact presque tout ce que nous avons écrit, il y a huit ans, à propos du darwinisme ; mais cela ne suffit plus actuellement. Les publications se sont multipliées, bien que les résultats scientifiques obtenus ne soient pas en rapport avec la masse de papier employée les questions se sont spécialisées. Alors Darwin était le seul représentant influent non-seulement de la théorie de la descendance, mais on peut presque dire de l’explication naturelle des formes organiques en général. Aujourd’hui on voit diriger de vives attaques contre Darwin et le darwinisme par des gens qui s’en prennent exclusivement à la théorie de la sélection naturelle, comme si tout le reste fût né sans l’intervention de Darwin. Les nuances les plus diverses des théories, qui à cette époque-là n’existaient encore qu’en germe, se sont accentuées aujourd’hui et ont apporté de nouveaux arguments, de nouvelles objections. Ce que nous avons dit alors de cette question ne peut donc plus guère