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Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/352

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venu à découvrir la trace des secrets de la vie, était à peine en état d’apprécier les difficultés qui, à mesure que l’on avançait, s’accumulaient devant l’explication mécanique des phénomènes psychiques. On pouvait encore alors exposer comme hypothèse scientifique la conception naïvement enfantine que, dans le cerveau, chaque idée avait sa fibre déterminée et que les vibrations de ces fibres constituaient la conscience.

Les adversaires du matérialisme montrèrent, il est vrai, qu’entre la conscience et un mouvement extérieur se trouvait un abîme à combler ; mais le sentiment naturel ne se préoccupait pas de cet abîme, attendu qu’on s’aperçoit bientôt qu’il est inévitable. Sous une forme quelconque revient toujours l’opposition entre le sujet et l’objet ; seulement, dans les autres systèmes, il est plus facile avec une phrase de franchir la difficulté.

Si, au XVIIIe siècle, à la place de cette objection métaphysique, on eût fait toutes les expériences physiques dont nous disposons aujourd’hui, on aurait peut-être combattu le matérialisme avec ses propres armes. Peut-être aussi que non ; car les mêmes faits, qui détruisent les conceptions d’alors sur l’essence de l’activité du cerveau, frappent peut-être avec autant de force sur les idées chères à la métaphysique. Car il paraît presque impossible de poser relativement au cerveau et à l’âme une thèse quelconque qui ne soit réfutée par les faits. Sont naturellement exceptées quelques vagues généralités, comme le cerveau est l’organe le plus important pour l’activité de l’âme. Sont aussi exceptées les thèses relatives à la connexion de certaines parties du cerveau avec l’activité de nerfs déterminés. La stérilité des études faites jusqu’ici sur le cerveau ne repose toutefois qu’en partie sur la difficulté de la matière. La cause principale paraît être le manque total d’une hypothèse utilisable d’une manière quelconque, ou d’une idée telle quelle sur la nature de l’activité du cerveau. C’est ainsi que même des hommes instruits retombent toujours, comme par