Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/439

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lité, a pour nos actes une importance aussi essentielle que les représentations, dans lesquelles une tentation, un penchant, un attrait naturel vers tel ou tel acte s’offrent immédiatement à notre conscience. Lors donc que Wagner croit que c’est par répugnance pour les chiffres et les tableaux, que l’on n’a pas tenu compte de la statistique morale, il se trompe du tout au tout. Comment trouver cette répugnance chez Drobisch, qui n’a pas craint de rédiger des tableaux pour les valeurs hypothétiques des fondements de sa psychologie mathématique, qui connaît les recherches de Quételet et sait les comprendre et les apprécier sous tous les points de vue ? Mais aussi combien un pareil philosophe allemand est difficile à comprendre, même pour les lecteurs d’une instruction solide, quand ils n’ont pas sous les yeux les systèmes et leur enchaînement historique ! Ainsi, par exemple, Drobisch dit, dans une courte et judicieuse critique des conclusions de la statistique morale (Zeitschr. f. ex. Phil. IV, 329) : « Dans tous ces faits ne se réfléchissent pas seulement les pures lois de la nature, sous lesquelles l’homme succomberait comme sous une fatalité, mais encore la situation morale de la société, situation qui est déterminée par les puissantes influences de la vie de famille, de l’école, de l’église de la législation, et qui, par conséquent, peut très-bien être améliorée par la volonté des hommes. » Celui qui ne connaîtrait pas à fond la psychologie et la métaphysique de Herbart ne trouverait-il pas dans ces paroles une apologie de l’ancien libre arbitre, telle qu’on doit l’attendre d’un professeur français ? Et cependant la volonté humaine, même dans le système auquel Drobisch s’est rattaché, n’est qu’une conséquence résultant, d’après la causalité la plus rigoureuse, d’états de l’âme qui, à leur tour et en dernière analyse, ne sont produits que par leur action et leur réaction réciproques sur d’autres êtres réels. Depuis lors Drobisch s’est exprimé d’une manière approfondie et intelligible pour tous les lecteurs dans sa dissertation, publiée en 1867, sur la statis-