Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/522

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d’une religion, en tant que vérités absolues, avec les vérités fournies par la connaissance, ou bien en leur refusant toute place dans la conscience des peuples ? Sans doute tous les produits de la poésie et de la révélation portent pour notre conscience le caractère de l’absolu, de l’immédiat, en ce que les conditions d’où résultent ces images de représentation n’entrent pas avec elles dans la conscience ; sans doute, d’autre part, il faut avouer que toutes les fictions, toutes les révélations sont tout simplement fausses, si l’on applique à leur contenu matériel le critérium de la connaissance exacte quant à cet absolu, il n’a de valeur que comme image, que comme symbole d’un absolu placé au delà de notre monde et que nous ne pouvons nullement connaître ; ces erreurs, ces oublis volontaires de la réalité ne sont nuisibles que lorsqu’on leur attribue la même valeur qu’aux connaissances matérielles. Aussi la religion a-t-elle toujours été inséparable de l’art, aux époques qui réunissent un certain degré de culture et de piété, tandis que c’est un symptôme de décadence ou de sécheresse, quand ses doctrines sont confondues avec la science rigoureuse. Là, la véritable valeur des représentations est dans la forme, pour ainsi dire dans le style de l’architecture des représentations et dans l’impression que cette architecture des représentations produit sur l’âme ; ici, au contraire, il faut que toutes les représentations, dans leur isolement comme dans leur connexion, soient matériellement exactes.

Mais on veut à toute force que la religion contienne du vrai. On veut qu’elle soit sortie, sinon de la connaissance humaine, du moins d’une intuition supérieure, d’une science de l’essence des choses, révélée à l’homme par la Divinité. Nous nous sommes déjà suffisamment expliqué à ce sujet, nous avons dit qu’en face des résultats de la science méthodique nous ne pouvons en aucune manière accorder une égalité, encore moins une supériorité aux connaissances religieuses, et nous sommes porté à croire que cette thèse