Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/550

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l’essence de Dieu. La cosmologie cherche à comprendre L’univers et ses formes, d’après l’essence de Dieu et le but de la création. L’univers est considéré comme révélation de Dieu, comme représentation, dans le temps et l’espace, de la perfection éternelle et indivisible de Dieu (25). »

Certes, d’après ces constructions qui rappellent presque celles de Hegel, on n’aurait qu’une idée fort incomplète des opinions qu’Ueberweg professait alors. La teinte matérialiste de sa philosophie, complètement cachée dans ce sommaire de sa métaphysique, était cependant déjà très-accusée alors dans le plan de sa psychologie, sujet qu’il aurait traité de préférence à tout autre, aussitôt après avoir terminé sa Logique. Je fis la connaissance d’Ueberweg dans l’automne de 1855 et, dans mes conversations quotidiennes avec lui, je l’entendis parler beaucoup de cette psychologie, mais nullement de métaphysique. Je ne saurais dire si à ce moment-là déjà il flottait indécis au milieu de ses conceptions métaphysico-théologiques. En tout cas, cette fluctuation se produisit dès les années suivantes, tandis qu’il restait fixe et invariable dans ses conceptions psychologiques fondamentales.

Cette psychologie est très-paradoxale, mais elle repose sur une série de raisonnements d’une rare solidité. Nous allons la reproduire aussi brièvement que possible.

Les choses du monde qui s’offre à nous sont nos représentations. Les choses sont étendues ; donc nos représentations sont étendues. Les représentations sont dans l’âme, donc l’âme aussi est étendue ; de plus, l’âme étendue est matérielle, d’après le concept de la matière comme substance étendue. Nous ne pouvons avoir les représentations en dehors de l’âme notre âme s’étend donc aussi, et même plus loin que l’ensemble de toutes les choses que nous percevons, y compris le soleil, la lune et les étoiles. Il est en outre très-vraisemblable, d’après de fortes analogies, que ces mondes ne sont pas produits dans l’âme sans causes extérieures, et que les causes occasionnelles (les « choses en soi » d’Ueberweg),