Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/574

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le cercle de leur connaissance de la nature. « Nous trouvons finalement dans les écrits de nos grands poëtes, dans l’exécution des œuvres musicales de nos grands compositeurs, des élans pour l’esprit et le cœur, pour l’imagination et l’humour, qui ne laissent rien à désirer « Ainsi vivons-nous, ainsi cheminons-nous dans le bonheur. »

Nous le pouvons aussi nos moyens nous le permettent car les « nous », au nom desquels parle Strauss, sont, d’après sa propre énumération, non-seulement des savants ou des artistes, mais encore des fonctionnaires publics et des militaires, des industriels et des propriétaires fonciers. » Le peuple n’est mentionné que très-superficiellement. Au peuple s’offrent nos poëtes nationaux, encore que, pour le moment, il soit forcé de renoncer aux concerts. Nathan, de Lessing ; Hermann et Dorothée, de Gœthe, renferment aussi des « vérités du salut » ; ils sont, en tout cas, plus intelligibles que la Bible, que beaucoup de théologiens ne comprennent même pas. Desvérités du salut, que le peuple découvre dans la Bible, par tradition de père en fils, et de l’intelligence de cette même Bible, que les gens croient avoir, il n’en est pas plus longuement question. Ce sont là des erreurs qui n’ont pas le droit d’exister, bien que dans ces idées traditionnelles réside précisément la suprême valeur que la Bible puisse posséder pour le cœur des pauvres et des faibles, qui a tant besoin de consolation. Quand une fois nos écoles s’occuperont moins de l’histoire des Juifs, nos grands poètes pourront être mieux compris par les masses. Maisd’où pourra venir l’impulsion propre à opérer une modification si fructueuse dans notre gouvernement si bien organisé ? Strauss ne le recherche pas davantage. Ce n’est d’ailleurs pas nécessaire, car la conséquence exacte de tout ce point de vue n’est autre, au fond, que celle-ci le peuple peut rester là où il se trouve maintenant en vertu des saintes loisde l’univers, pourvu que « nous », les savants et les propriétaires, nous puissions enfin nous débarrasser du fardeau de paraître et