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SOUVENIRS POLITIQUES

trop à sa réputation et à son honneur pour jamais consentir à entrer dans un ministère composé d’hommes comme il y en a dans le cabinet actuel. Il croit que le parti libéral seul peut sauver le pays, que ses principes sont les vrais principes, et il est trop fier de marcher dans ses rangs pour consentir à une alliance rien moins qu’honorable, avec des hommes d’une conduite qu’il n’aime pas à imiter. Les électeurs de St-Hyacinthe lui ont confié un drapeau, il le leur rendra sans souillure du moins, s’il ne peut lui donner plus d’éclat. »

Quelle a été vraiment l’attitude de M. Mercier à l’endroit de la coalition ? Je crois qu’il aurait été disposé à l’accepter si le sentiment de son parti eut été unanime ou encore, si l’on avait consenti à éliminer du ministère certains hommes qui lui répugnaient.

L’avenir du parti libéral à ce moment-là était loin d’être brillant : les libéraux qui ne perdirent jamais courage, même au plus mauvaises époques de son histoire, espéraient toujours que l’avenir finirait par leur apparaître plus souriant, que la victoire se déciderait un jour à se ranger sous leur étendard. Les chefs criaient de temps en temps un sursum corda qui faisait renaître les feux de l’espérance. À la fin de mars M. Mercier prononça devant le Club de Réforme, à Montréal, un de ces discours dont il possédait le secret et qui relevaient les