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SOUVENIRS POLITIQUES

Cette campagne était dirigée du côté conservateur par MM. DeBoucherville et Ross, deux chefs reconnus dans leur parti ; dans la presse ils avaient l’appui du Canadien et du Journal des Trois-Rivières. M. Tarte dénonça cette transaction dans son journal dans un article qui mérite d’être cité :

… « Quand la moisson dorée par le soleil propice s’en va mûrissante, à l’automne, l’on voit les oiseaux voltiger, en bandes affamées, voraces, audessus des épis. Pendant un temps, entre eux ils se querellent, chacun voulant pour son nid emporter la plus belle tige. Les gros mangent les petits là comme ailleurs, mais après s’être bien battus, tous ensemble ils s’abattent sur le champ, et mangée par les gros, mangée par les petits, la moisson s’envole, si la main qui a semé ne se lève pour protéger le fruit de son labeur.

« La moisson c’est le chemin de fer du Nord, les oiseaux dévorants ce sont les spéculateurs qui, fatigués de se battre, s’élancent sur notre voie provinciale, la main qui a semé, c’est le peuple de la province de Québec ! Et cette main est assez puissante pour sauver la moisson, seul espoir de la famille, de la grande famille canadienne, dont les membres déjà ont versé tant de sueurs pour préparer la récolte.

« Dans les hôtels, dans les coulisses du parlement, dans le parlement lui-même, dans