torat sur ses intérêts les plus sacrés, ne m’ont pas laissé d’illusions sur ce qu’il faut attendre de lui s’il ne se fait pas un changement radical.
« J’ai trop vu de talent déployé en vain, d’énergie épuisée au service de la cause populaire ; j’ai d’autre part trop vu de trahisons, de vénalité, trop vu de cette démoralisation qui nous tue, contre laquelle viennent se ruer en vain les meilleures raisons, la plus sainte justice, l’éloquence la plus sincère, pour croire davantage au salut du pays… à moins que le peuple ne se réunisse lui-même à nous dans un commun effort pour se débarrasser du joug honteux qui pèse sur lui !
« Quand même nous inonderions les comtés de beaux discours, admirables tant par la logique que par la forme, quand même nous couvririons les hustings des orateurs les plus persuasifs, les plus entraînants, seuls nous resterions impuissants. Il faudrait que le peuple nous donnât son concours. Le peuple est pourtant pour nous en apparence ; il paraît bien sentir que nous plaidons sa cause avec désintéressement.
« Pour que ces hommes, se dit-il sans doute, aient travaillé avec une ardeur toujours croissante pendant dix, vingt ans, pour mes intérêts, sans jamais recevoir de récompense, sans même espérer en recevoir, il faut bien qu’ils soient convaincus, sincères.