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SOUVENIRS POLITIQUES

l’étranger, mais qu’il faudra au contraire, emprunter forcément de ces électeurs aveugles, en leur imposant des taxes directes payables par force de loi, leurs yeux se dessilleront peut-être alors. Dieu veuille qu’il ne soit pas trop tard en ce temps-là pour sauver la province ! C’est là le seul vœu que j’aie encore la force de former, car je vous l’ai déjà dit, je suis persuadé de l’inutilité de tous les discours, de toutes les luttes électorales !

« À quoi bon, en effet, les élections telles qu’elles se font maintenant ? Consulté sur la candidature à opposer à celle que le gouvernent veut imposer à ce comté, j’ai fait voir que j’aurais aimé autant qu’il n’y eut pas d’opposition. J’étais d’opinion que, puisqu’une partie du peuple — la minorité je veux le croire — se refuse à rien entendre, à rien voir, il valait mieux laisser les choses suivre leur cours fatal vers le cataclysme où nous aurions ainsi marché plus vite, ce qui aurait peut-être déterminé le retour d’opinion que n’ont pu opérer vingt ans de services restés sans récompense. Laissée à elle-même, l’ingratitude populaire se serait peut-être aperçue un jour et peut-être aurait-elle reculé devant sa hideuse image !

« On m’a offert de me porter candidat moi-même ; j’ai décliné cet honneur. Eh ! je vous le demande, qu’irais-je faire en Chambre ? Dépenser toute mon énergie, épuiser toutes les