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SOUVENIRS POLITIQUES

tête de ce malheureux halluciné, on s’est figuré que par là toute la question était résolue. On s’est étrangement trompé. Le peuple Canadien-Français a senti qu’une atteinte profonde venait d’être portée à sa nationalité. C’est de ce meurtre que la question nationale est née. Nous avons épousé cette question dès la première heure et nous ne la renierons jamais. Nous ne l’avons pas épousé seulement parce qu’il s’agissait d’une question politique ou judiciaire, mais parce que nous sentions que le meurtre de Riel était une déclaration de guerre à l’influence canadienne française dans la Confédération, une violation du droit et de la justice.

« Voilà pourquoi la question est nationale ; c’est parce que, si Riel a été pendu au gibet de Régina, c’est parce qu’il était un des nôtres.

« Et que l’on ne nous dise pas qu’en protestant contre cette exécution nous nous exposons à nous trouver en conflit avec nos concitoyens de race anglaise.

« Sans doute, la question du meurtre de Riel a été une question qui nous a touché plus profondément que toutes les autres provinces. Nous ne pouvons pas demander à nos concitoyens anglais de partager là dessus nos sentiments d’une manière complète. Mais dans tout le Canada, il n’est pas un homme