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SOUVENIRS POLITIQUES

frayés de l’ascendant qu’il prenait dans la province, ses adversaires décidèrent de lui faire une guerre à outrance, de le ruiner, si la chose était possible. Pour arriver à ce résultat, ils s’assurèrent les services d’un écrivain d’une grande valeur, M. Charles Savary, arrivé depuis quelques mois dans le pays. M. Savary, un Français d’un talent hors pair, avait occupé une très haute position dans le monde politique de son pays, qu’il avait dû quitter à la suite de revers personnels, pour aller vivre sous d’autres cieux. Il vint au Canada et trouva d’abord de l’emploi dans les bureaux du « Canadien à Québec. » La Presse, la Minerve et le Monde avaient été enrégimentés pour faire cette croisade, et c’était M. Savary, qui devait de sa plume féconde remplir les colonnes de ces journaux. Il dénonça la conférence interprovinciale comme un péril pour la province, ne soupçonnant pas alors que cette première tentative sérieuse aurait pour conséquence de nous assurer plus tard une augmentation du subside fédéral. Ces feuilles prédisaient à courte échéance la décomposition du ministère, miné disaient-elles, par l’élément « castor. » Bref, on nous annonçait avec alarme la banqueroute de l’autonomie provinciale !

Ces vigoureuses dénonciations ne produisirent pas l’effet qu’on en attendait ; elles tom-